mardi 1 février 2011

Rodolphe VON GOMBERGH - " Trans-apparence"

La Maison Européenne de la Photographie a reçu en fin d’année dernière un artiste : Rodolphe VON GOMBERGH. Car oui, il est bien plus artiste que photographe à part entière. Ou tout du moins pas au sens où on l’entend généralement.

En effet, son exposition à la MEP alliait forcément de la photographie mais mêlée à de l’imagerie médicale (radiographies, scanners, etc...) ainsi que de la vidéo.
Exposé au sous sol de l’établissement, il investit les trois « salles » (ou devrais-je dire plutôt les trois « espaces ») avec ses hologrammes, écrans de télé et autres supports rarement utilisés il faut bien le dire pour une exposition photographique.
Première surprise : les lieux sont plongés dans l’obscurité. C’est étrange pour une exposition de photos. Etrange et encore plus intriguant de découvrir ce qui est exposé. J’avance donc dans le premier espace. Celui-ci est consacré à une série intitulée « La Vie intérieure des Bouddha » réalisée de 2005. Titre plutôt bien trouvé me dis-je, puisque grâce à la transparence on voit bien « l’intérieur » des Bouddha. Les images sont des écrans LED qui font qu’en se baladant de gauche à droite de l’image, le Bouddha est en relief et tout ça sans lunettes spécifiques.
Le troisième Oeil, 2008

C’est futuriste, inattendu, bluffant et je suis déjà ravie d’être venue à ce vernissage !

Je continue donc mon épopée, l’air un peu béat de ma découverte pour tomber dans le deuxième espace qui se consacre également aux corps mais cette fois-ci, les nôtres.

Herr Direktor, 2008

Je n’ai pas trouvé la photo qui m’a le plus marquée sur Internet pour vous la montrer mais je vous en parlerais juste un peu plus loin puisque cette deuxième salle se fait rapidement. Tout du moins, on a compris le principe, il n’y a pas beaucoup de détails sur les images (en tous cas à première vue, cf. un peu plus loin aussi) et on a aura le temps de philosopher sur les images lors de cette cigarette qui me manque déjà !

Bref, pour finir, troisième pièce dédiée à la vidéo. Je m’y installe donc devant un documentaire sur l’auteur nous expliquant pourquoi ce travail. Ce qui m’intéresse moi, diplômée d’un BTS Photo et donc très attentive à tout le côté technique de la chose, c’est surtout le comment. Bingo ! Après dix toutes petites minutes (ça passe tellement vite quand on aime ...!) Rodolphe VON GOMBERGH, assis devant son ordinateur super moderne nous explique que, par exemple, pour « cette » image, il lui en a fallu 70 autres images. « Cette » image, ça tombe bien, c’est celle-là même qui m’avait vraiment plu dans la deuxième salle de l’exposition.
Une sorte de Joconde photographique du XXIème siècle. Et tout comme les yeux de Miss DE VINCI nous suivent, c’est le visage tout entier de Miss VON GOMBERGH qui nous suit et change, passant d’un visage d’ange à des neurones et autres veines, visiblement présents dans toutes les têtes, et ce suivant si on se trouve à gauche, à droite ou au centre de l’image. C’est magique !

J’aurais aimé rester plus longtemps devant cette vidéo plus qu’instructive sur le travail de l’auteur mais, les gens présents à ce vernissage faisaient semblant de s’intéresser à l’exposition et étaient visiblement plus là pour voir leurs amis et boire une coupe. Dans une pièce close, lorsqu’on souhaite se concentrer et surtout écouter, et qu’à côté de vous les gens irrespectueux huuuurlent pour se dire bonjour et se raconter le barbecue du week-end dernier chez tante Jeanette sans même s’apercevoir que des gens, en l’occurrence moi, souhaitent écouter, il y a de quoi vous hérisser le poil et cela me fait dire que tant pis, je vais moi aussi aller prendre une petite coupe pour me calmer et je reviendrais. Un jour d’exposition normal.

Je continue donc ma visite de la MEP mais cette exposition restera, et de très loin, ma favorite.
Après la phase de découverte, je me suis prise d’admiration pour cet artiste d’avant-garde. Il explore la photographie d’une manière si surprenante et tellement peu commune qu’on ne peut qu’apprécier d’avoir un peu de changement dans un monde où beaucoup de photographies circulent sans forcément qu’on y prête attention. Là, on ne peut pas passer à côté sans regarder, chercher, farfouiller et s’y intéresser tellement cet artiste sort du lot.