mercredi 1 décembre 2010

« La photo pauvre, du sténopé au téléphone mobile »



Commençons par les "bonnes" choses : cette exposition est terminée. Enfin elle était prolongée jusqu'à ... aujourd'hui.

Elle était bien pourtant. C'était celle d'un collectif, FOTO POVERA qui refuse les sophistications des appareils photographiques d'aujourd'hui. C'est pourquoi, tous ces photographes utilisent les défauts des appareils tels que des Lomo, Pola', sténopé, Diana en plastique, jouets FisherPrice et même le téléphone portable afin de revendiquer une photo plus sensitive et plus spontanée.
Ces photographies sont réalisées à l'encontre des critères "professionnels" d'aujourd'hui, les codes qui la composent, etc... et pourtant, ce sont des pros.

Incertitude de résultats. Flou, pixels, grain très présent : choses qui dérangeraient en temps "normal" sont ici perçues comme un point de vue à part entière, une esthétique certes particulière mais très forte.

Cette photo pauvre nous amène a réfléchir sur ce qu'est réellement la photographie. Faut-il continuer de nous faire croire que les femmes font toutes du 34 voire 36, ont toutes la peau très lisse ? que les fleurs ne fanent jamais ? Qu'il fait toujours beau lors de prise de vue de mode ? En règle générale, c'est cette vision de la photographie moderne que nous avons. Nous savons tous très bien que la photographie n'est pas une représentation fidèle du réel et, grâce à ces photographies, on voit une autre approche qui vient confirmer tout cela : non pas en nous montrant des stéréotypes de femmes ou des utilisations de photoshop à outrance mais plutôt grâce à tous ces petits défauts dus au matériels utilisés : ce flou, ce grain, ces vues multiples, cette belle incertitude du résultat qui vient donner à la photographie contemporaine un autre visage et peut-être même un autre sens.
En tous cas, c'est ça que m'a apporté comme réflexion cette "petite" exposition, dans un bled certes très joli mais pas mal perdu, cette grande pièce où étaient exposées ces "petites" photos.

Pas de chichis, pas de tirages en "quat' par trois", pas de foule au vernissage mais une expo très instructive, beaucoup moins populaire qui bats de loin l'exposition très médiatisée de Larry Clark (dont je ferais une critique très bientôt) : une expo qui ne paye pas franchement de mine au premier abord et qui pourtant est (ou plutôt était) à voir.

Deux des photographes qui exposaient m'ont fortement interpellée et je vous conseille fortement d'aller jeter un coup d'oeil.

Dans un premier temps : Rémy Weite. Une photographie subtile et très psycho que j'affectionne tout particulièrement.

"J'interprète ce que je ressens à un moment donné. Pas ce que je vois mais ce que je ressens." 
André Kertesz. 


C'était la phrase qui accompagnait sont travail et je crois qu'elle définit plutôt bien sont travail. A chacun sont interprétation, à chacun ses ressentis.



Dans un deuxième temps : Jean-Luc Paillé et sa chronophotographie.




Un travail particulier qui tient plus de la recherche que des l'artistique et pourtant y parvient. 
Et en plus quand on peut recevoir de ses conseils : je suis preneuse. 


En bref, une exposition qui valait vraiment de faire une heure de train pour 30 min sur place, à peine. Une pratique de la photographie qui m'a amené une réflexion et qui casse les codes de la photographie contemporaine au sens où on l'entend la majorité du temps.
Un collectif de photographes à suivre également de très près.




Où ?
Médiathèque Florian
5 rue Gautherin
78120 RAMBOUILLET

Quand ?
du 06 au 24 novembre 2010
   (prolongée jusqu'au 1er décembre)

Plus d'infos :


2 commentaires:

  1. dans un style pas si différent, cet artiste qui prend, avec son téléphone portable, des images de la télé

    http://www.cyrchevalier.fr/

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  2. Je découvre un peu par hasard ce blog très intéressant, et cet article ... très sympa, merci ! ça fait très plaisir :) Nous aurons peut-être l'occasion de nous croiser à l'automne où j'exposerai à la mairie du Xe lors des Rencontres photographiques du Xe http://rencontresphoto10.com/
    Rémy Weité
    www.weiter.fr

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