Affichage des articles dont le libellé est francescad. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est francescad. Afficher tous les articles

jeudi 9 juin 2011

Une citation de Marina Abramovic' sur l'être un artiste "engagé"

« Je n'ai jamais pensé que l'art doive réagir face à l'actualité. La démarche artistique appréhende la société de manier plus globale. L'artiste doit longuement l'observer. Il est un grand observateur des faits, des systèmes des actes humaines..

Matisse a peinte des fleures pendant la deuxième guerre mondial. C'est sa manière à lui de s'être engagé. Et je pense sincèrement ce là. L'artiste est un enfant curieux. Il ne doit pas, selon moi, être dons une attitude d'arrogance. C'est une réaction trop directe. »


 
de une interiew avec Marina Abramovic' en 2001

L'artiste selon Robert Filliou

« Un génie sans talent » se proclame Robert Filliou, « tous les hommes et toutes les femmes sont porteurs d'un génie que l'exercice de leurs talents les empêche de révéler et de développer » . Cette formule, énoncée en 1970 en forme de boutade, dénote une pratique privilégiant le comportement artistique à l'objet d'art, celle d'un artiste qui au mot « art » préfère celui de « créativité »: l’homme donne libre cours à son envie d’être, de créer donc, et peu importe le résultat, qui n’est que témoignage, anecdote. L’important est l’action, le faire, toujours en état d’inachèvement, et donc de recommencement.

Selon Filliou donc le génie émancipe et le talent castre : l’un fait appel à, « l’innocence » et « l’imagination », deux qualités clés, car elles permettent toutes les formes de vagabondage dans des territoires vierges. L’autre enrégimente, soumet l’artiste à des préoccupations frustrantes et non pertinentes d’exécution matérielle. Filliou est adepte de l’indifférence esthétique et de la spontanéité hasardeuse, il se veut « un animateur de pensée » et tend à nous livrer des propositions poétiques autant que des outils conceptuels destinés à changer notre regard sur le monde, et donc finalement à changer le monde lui-même.

L’artiste n’a pas fréquenté d’école d’art et son apprentissage de l’art n’est autre que sa propre vie.

A' l’instar de ses camarades du mouvement Fluxus, Filliou veux construire un lien définitif entre l'art et la vie et souligner l'importance du faire, de la création en tant qu'acte. Le faire doit être dissocié du savoir faire. L'artiste a toute sa vie refuser de se prêter au culte de la personnalité en affirmant que « l'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art ».
Pour Filliou tout à chacun est porteur d'un génie, c' est suffisant développer se propres facultés à travers l'innocence et l'imagination.


Francesca Davide
numero et:10271398
erasmus

mardi 24 mai 2011

une citation d' Annette Messenger sur la notion d'artiste

« J'ai eu la chance d'être artiste dans les années 70 […] Aujourd'hui les jeunes artistes, les étudiantes connaissent le prix des ses œuvres, le cotes des artistes, les résultats de vente public par Internet. Nous , nous pensions changer le monde avec notre travail..Je ne crois plus transformé la société , mais l'art apport une profonde humanité qui touche l'individu intimement de façon intense et durable. Contrairement aux animaux, nous savons qu'il y a eu des humains avant nous et qu 'il y en aura après . Chacun fait partie d'un chaîne qui continuera après sa morte, d'où notre désir de laisser une trace , de transmettre quelque chose, et parfois s'appelle l'art. »



Annette Messenger d'une entretien en 2005


vendredi 20 mai 2011

ANISH KAPOOR à la gallerie Kamel Mennour

L'exposition personnelle « Almost Nothing » à la galerie Kamel Mennour a été l' occasion pour découvrir Anish Kapoor dans un environnement intime, loin de la foule accourue pour voir le Léviathan, son imposante sculpture pour Monumenta 2011, depuis peu au Grand Palais.
Il n'arrive en effet pas souvent que Kapoor expose ses œuvres à Paris.

À la galerie ce n' est pas la dimension de son travail qui surprend le visiteur,mais se dégage une étrange attirance empathique qui ne laisse pas indiffèrent même les plus sceptiques.
Dans cette exposition il a réuni un ensemble d'œuvres autour de l'idée du vide e de l'immatérialité, concepts récurrents depuis le milieu des années 1980. Son but est de donner une consistance à l'inconsistance, à ce qui échappe par nature à toute matérialisation. Pour cette raison sont exclues les Pigments Pieces qui l'ont rendu célèbre comme aussi les œuvres avec l'utilisation de la cire.
Si le langage du pigment apporte l'immédiateté intense et la présence, ses vides en sont l'envers. « Plus je vide plus il y en a .Vider c'est remplir », dit-il.

Tout d'abord, face à l'entrée on rencontre la premier sculpture. Non!Vous n'êtes pas devant à un jeux sur l'illusion optique proposé par la cité des sciences et industries, il s'agit bien de nSister un morceau de l'œuvre When I am pregnant., réalisée en 2005.

Elle se présente sous la forme d'une douce dépression dans le mur de forme circulaire. En l'observant en position frontale, comme nous sommes habitués à voir les œuvre d'art, nous ne voyons qu'un cercle en relief sur le mur blanc, une grosse bague, une espèce de nombril géant qui semble piégé dans la chaux. Mais si on bouge pour la voir latéralement on se rend compte que la surface est concave en donnant l'effet optique d'un mur qui semble respirer. Elle enferme le vide et trouble notre regard et sa logique.




Puis on a encontre un miroir Untitled, une œuvre de cet année jumelle de Turning the World Upside Down del 1995. Kapoor, là, se sert d'un miroir concave qui déforme et inverse tout ce qui se réfléchit en lui, en bouleversant nos habitudes sensorielles et en rompant avec la perspective monoculaire traditionnelle.
La surface du miroir paraît au premier abord vide, mais, en vérité, elle est pleine de tous le possibilités d'un monde qu'elle avale.
Ensuite un cube transparent en acrylique avec un jeu de miroirs le fait ressembler à la moitié de sa dimension réelle; il est impossible d'appréhender l'œuvre en son entier d'un seul regard. Enfin un carré noir au centre du mur blanc: difficile de dire s'il s'agit d'une peinture, d'une plaque superposée au mur ou d'un trou carré, c'est seulement en s' approchant à un millimètre de l'œuvre on peut voir qu' effectivement le cadre contient le vide.

La seule œuvre de l'expo qui a une dimension historique c'est "The Healing of Saint Thomas". Il s'agit d'un incision dans le mur, plaie dans l'intérieur a été tapissé de pigment rouge. Elle constitue une référence au thème catholique de l'incrédulité de Saint Thomas, la béance dans le corps du christ devenant ici une blessure dans la peau du bâtiment avec une claire référence à Lucio Fontana.

Spontanément, on a envie de plonger dans toutes ses œuvres et de s’y perdre, de mettre un pied, une jambe, une main dans les trous, rien que pour évaluer l’étendue de leur profondeur.
L'artiste cherche à faire participer le spectateur avec son corps et sa mémoire.





Il a embrassé l'héritage d'une longue histoire du vide. Ses manifestations classiques sont les nombreuses « absences » dans l'art moderne, du Carré noir 1915 de Kasimir Malevitch aux déchirures de Lucio Fontana, au bleu cosmique d'Yves Klein et à son Saut dans le vide 1960 et aux voiles teintés de Rothko culminant dans la chappelle de Huston .La nudité du vide met le soi à l'épreuve et c''est ce que Kapoor appelle «  nouveau sublime » : ses ambiguïtés perceptives poussent le spectateur à l'introspection au sens où les philosophes l'entendaient au XVIIIe siècle en découvrant une force supérieure qui nous permette de penser le sublime.

Ces pièces vides concernent le sobre et l'étrange, l'à moitié connu ou l'à moitié oublié , mais surtout impliquent le spectateur dans l'acte de voir qui est une thématique très importante pour Kapoor. L'artiste en effet ne cherche pas à s'exprimer comme nombre de ses contemporains mais à amener le spectateur à s'exprimer. Il prétend lui-même n'avoir rien à dire, estimant que sa raison d'être en tant qu' artiste est de découvrir l'impénétrable Vérité, une belle ambition je dirai...En effet l'artiste est à l'opposé du stéréotype romantique du créateur tourmenté, sa passion en retrait évoque la règle édictée par T.S. Eliot à propos de la neutralité de l'artiste: « plus l'artiste est parfait, plus complètement se sépareront en lui l'homme qui souffre et l'esprit qui crée, et plus sera parfaite la façon dont l'esprit absorbe et transmute les passions qui composent ses matériaux », et comme a admis Kapoor même : « Je dois dire que j'ai travaillé très dur pour me débarrasser de la main; j'ai toujours pensé que l'on surestime la main de l'artiste. »

Normalement je préfère personnellement les travaux qui sont le produit d'une expression subjective et intime de l'artiste, plutôt qu' un art universel et dépersonnalisé selon la conception minimaliste... peut être me suis-je arrêtée au romantisme et là je suis resté piégée.. Mais il y a quelque chose qui me frappe dans l'œuvre de Kapoor, qui m'appelle à entrer en contacte avec elle : peut-être la matérialité séduisante et attirante qui réveille mes sens, ou la curiosité et le défi de découvrir le concept arcane qui a inspiré l'œuvre.

Je crois que si on le considère comme l'un des plus grand artistes actuel, accueilli par le public comme une Star, c'est justement pour cette extraordinaire capacité de ses œuvres d'arriver à toucher n'importe qui, même sans une connaissance spécifique de l'art contemporain. Pour qualifier la première seconde de la rencontre avec une œuvre de Kapoor , avant la tentative d'explication, on peut faire référence à la notion d'admiration de Descartes : avant que le langage soit contraint à décrire la réaction intuitive du corps devant les formes, couleurs, surfaces et sons, il y a l'admiration. Pour Descartes, celle-ci advient lorsque l'on rencontre un objet « rare et par conséquent digne d'être forte considéré » :l'objet d'admiration, irréductible au déjà vu, aidera au bout du compte, à acquérir le savoir.



Esposition Anish Kapoor
Almost Nothing
12 mai- 23 juillet 2011
gallerie Kamel Mennour
Paris 75006 France




mercredi 18 mai 2011




Un processus de séduction qui surgit d'une expérience particulière, de l'espionnage. C'est ce que Sophie Calle a évoqué dans son ouvrage « Suite Vénitienne » en 1980.
Elle part de Paris en direction de Venise à la recherche de Henri B., un homme qu'elle a suivi un jour dans la rue et que le hasard a voulu qu’ils se rencontrent le soir même. Par ailleurs, il lui parle d'un projet imminent, un voyage à Venise. Voilà qu'elle décide partir elle aussi et de le filé. Dans sa valise contenant des outils de maquillage, des perruques et accessoires lui permettront de modifier sa physionomie. Parmi les accessoires figurent un Leica et un Squintar, accessoire qui se visse sur l'objectif muni d'un jeu de miroir permettant de prendre des photos de côté, sans viser le sujet. Pendant quinze jours elle le suive, prend des photo et notes avec précision tous ses mouvements. Rien n'échappe à l'œil attentif et sensible de l'artiste, qui d'une certaine manière s'approche de l'inconnu mais toujours sans le rejoindre. Heure, lieu, et ce qui bouge sous ses yeux, semble parfois se transformer en un roman policier avec les ingrédients du suspens en suivant indices et traces.


La photographie et l'écriture sont des instruments de précision qui lui permettent d'acquérir des expériences et de la curiosité hors du quotidien, qui l'attirent et auxquelles elle s'adonne, comme les vrais joueurs, avec le plus grand sérieux. Le texte devient ainsi une suite d'événements, mises en scène et vécue sur le mode autobiographique et joué sous la version fiction et non- fiction.
Le style épuré que Sophie Calle adopte pour tous ses récits , l'écriture au vocabulaire accessible, sont totalement cohérent avec la présentation sobre de ses travaux. Il relate les faits de manière objective, sans argumentation et analyse.
De cette manière son œuvre prend une dimension narrative où l'écriture fait partie d'elle même. Elle laisse le champs aux critiques d'interpréter son travail.
Justement dans la réédition du texte « Suite Venitienne » en 1983 pour la collection Écrit sur l'image, l'œuvre narrative vient intégrée par un texte de Jean Baudrillard intitulé 'Please Follow me'.
C'est la séduction exercée par cette aventure gratuite de suivre sans raisons un inconnu qui a fasciné le philosophe et sociologue français qui nous donne une fascinante réflexion sur la performance de Calle.
La séduction, selon Baudrillard, est dans le secret qui ne doit être levé, sous peine de tomber dans une banale histoire. Elle est comme un jeu avec ses règles fondamentales : nul évènement qui eût créé un contact entre eux ou une relation.
D'ailleurs le mystère est un élément capital pour décrire l'histoire de l'expression artistique, il suffit de penser par exemple aux boites de Ben Vautier, ou à l'enveloppe de Magritte cachant quelque chose qui suscite notre curiosité... il est aisé apporter une multitude d'exemples dans le domaine de l'art, de la littérature et du cinéma selon leur époque.
Tout ce qui est mystérieux se révèle séducteur. Mais ici la photographie n'a pas de fonction perverse ni de voyeuse et ni d'archiviste. Elle indique simplement, telle heure, tel endroit , tel moment où il y avait quelqu'un. Le réseau de l'autre est plutôt une façon de s'absenter de elle- mêmes; ce n'est donc pas pour découvrir quelque chose de l'autre, mais comment disait Bauidrillard « vous vous séduisez d'être absent, de n'être plus que le miroir de l'autre qui ne le sait pas » ,alors cette expérience toute entière devient un processus de séduction.
Je vous invite à lire ce récit,mais aussi ses autres ouvrages comme 'Hôtel', ' Prenez soin de vous', etc.. que certainement vous allez apprécier, pour comprendre en profondeur son travail directement de la plume de l'artiste. Vous-vous rendriez compte que l'artiste est doté d'une aptitude créatrice exceptionnelle et de l'importance qu'elle accorde à l'idée et à l'intuition. Vous comprendrez également les raisons pour lesquelles Sophie Calle est considéré comme une des artistes plus géniale de ces derniers décennies.


Sophie Calle,"Suite vénitienne. Jean Baudrillard . Please follow me.", collection Ecrit sur l'image, Editions de l'etoile, Bagneux 1983.

                                                                                            

vendredi 6 mai 2011

Jean-Luc Verna

La première impression a été celle d'un homme qui a étudié longtemps ses poses et ses gestes, qui a construit parfaitement son personnage en détail. Jean-Luc Verna était là, debout face à son auditoire, avec son corps musclé, tatoué, piercié et habillé à la mode punk rock. Avec lui son pc marqueté de pierres colorées; il changeait, sans arrêt, les chansons à écouter à partir de son ordinateur. Il semblait un peu mal à l'aise au début, même si j'ai du mal a le croire en raison de son attitude évidemment exhibitionniste. Une figure sans doute charmante, si bien qu'il est difficile de traiter de ses œuvres sans dire quelque chose de son « apparence ».

Son corps, comme il l'a dit lui-même, concerne seulement sa sphère privée et facilite seulement la question performative de l'œuvre, mais il n'est pas son propos ni le sujet principal de son travail. Je dirai quand même que c'est un point focale de tout ce qu'exprime son travail en raison même de l'importance qu'il lui accorde dans sa vie. D'abord, l'obésité, son corps qui commence à avoir une valeur quand il commence à se prostituer, l'utilisation de drogues et leurs effets sur le corps et enfin la peur de la vieillesse au point de cacher les signes du temps avec les tatouages. La question de son corps a été la thématique dominante, elle revenait toujours dans son discours, donc impossible de n'en pas tenir compte.

Artiste éclectique, il sent le besoin de s'exprimer aussi dans la danse, la musique et la récitation, toutes disciplines qui concernent une attention fondamentale à son propre corps par rapporte à l'espace et au regard de l'autre, même si il tient à préciser que son œil est le seul juge.

L'élégance des gestes et la conscience de son corps se montrent dans la séries des photos où il se met en scène en citant, avec son physique imposant, des posées célèbres empruntées à l'histoire de l'art et à l'histoire du rock 'n' roll.

La figure anthropomorphe est toujours là, aussi dans ses dessins. Avec des corps musclés à la Michel Ange ou sous forme des squelettes, ses sujets sont surtout des anges, des chimères, des faunes, des diables. Influencé évidement par l'imaginaire Rock et Punk, il utilise aussi des images de l'iconographie religieuse. Il affirme avoir repris ces sujets dans les poubelles de l'art et avec une maquillage, comme il a fait avec son propre corps, il a leur fait jouer un nouveau rôle qui peut renforcer tous les sens de leur existence.



 L'intéressante est que ses dessins sont en vérité l'image d'eux-mêmes, c'est-à-dire leur calque. Jamais satisfait de son habilité de dessinateur, cet astuce lui permet de cacher le signe, la trace de la vivacité de l'artiste, le far presto, pour passer ensuite à d'autres processus de transfert. Après le dernier passage, il y a toujours des choses à intégrer, il est alors obligé de reprendre le dessin et de le 'réinterpréter' à sa manière en ajoutant quelque chose de neuf. Comme avec un processus d'écran, il cherche à s'éloigner de l'intimité des ses dessins pour ensuite retrouver une façon de se rapprocher avec la dernière intervention.

S'il doit inscrire son travail dans une catégorie, il dirait se reconnaitre dans un art New Wave, parce qu'on peut trouver dans son 'faire noir' (ses dessins à exceptions de ceux de sa jeunesse ne sont jamais colorés, puisque il se considère comme un mauves coloriste), dans ses petites choses réactivées et tordues, beaucoup des mots de la musique New Wave.

Un artiste à sa façon, qui n'accepte pas des compromis et qui décide de faire tout seulement à sa guise, a-t-il dit. Mais à quel point est-il influencé par le marché de l'art dans la réalisation de ses travaux? Est-il vraiment sincère?

Mais, puisque nous sommes de bonne foi, en rappelant ce que dit Oscar Wilde : «L'homme est moins lui-même quand il est sincère, donne-lui un masque et il dira la vérité», nous sommes déjà tous des fans de Jean-Luc Verna.





Cravan VS Freud

Un homme au corps imposant, un colosse de 105 kg sur 2 mètres 5, champion du monde de nihilisme qui a concrétisé le défi de Arthur Rimbou contre la civilisation. C'est Arthur Cravan ( pseudonyme de Fabien Avenarius Lioyd) neveu d'Oscar Wilde, boxer de profession et poète à ses heures, qui a eu une vie particulièrement excentrique. Pendant la première guerre mondiale,il a changé son identité et sa citoyenneté, il arrive même à franchir la frontière déguisé en femme , on dirait un colosse de femme. Normalement un poète déclame des vers, au contraire lui se déshabille et offre des démonstrations de boxe. Entre 1912 et 1915 il fonde la revue de critique brutale 'Maintenant' dans laquelle il attaque tous les poètes et les auteurs de prose de son époque, parmi ceux- ci les intouchables de la culture française comme Apollinaire ou Gide. Il en sera d'ailleurs l' éditeur et le rédacteur unique.




Ce n'est pas par hasard qu'il est considéré comme une icône du dadaïsme dans le Paris du début du XXeme siècle. Il représente l'esprit anarchique et nihiliste contre les valeurs traditionnelles de la société, qui par ailleurs ont permis le carnage de la guerre et par là il montre que les anciennes valeurs se révélaient facteurs de ruine.

Comme les artistes Dada qui vont contre tout modèle consolidé de beauté en amenant à l'exagération le rôle du hasard dans la création artistique, Cravan aussi refuse toutes les valeurs soutenues comme inspiratrices de l'artiste pour reconnaitre plutôt un rôle fondamental à la vie elle- même avec ses gestes simples et quotidiennes . En 1914 il écrit dans sa revue: « ...Le modèle pour un vrai peintre c'est la vie […] la peinture c'est marcher , courir, boire, manger, dormir, et faire ses besoins.»

Avec cette affirmation pour la première fois la vie dans sa totalité est déclarée reconnue comme source d'inspiration, avec les petits gestes qui nous rendent conscients d'être vivant.

Mais bien que cette affirmation puisse être très radicale en 1914 , dans la liste des besoins primaires de l'être humain, Cravan paraît avoir oublié un geste fondamental: l'aspect sexuel.

Il n'y a aucun doute que parmi les besoins primaires il est pour nous naturel de considérer le besoin sexuel comme source d'inspiration de création au même titre que marcher , dormir etc..

Mais il faut considérer que ce que pour nous est évident actuellement ne l'était pas du tout aux premières décennies du XX siècle. Il faut attendre la recherche psychanalytique de Freud, pour affirmer de manière « officielle » que le besoin sexuel ,qui suit la phase orale et anale du processus psico – sexuel, doit être considéré comme un besoin primaire de l'homme .


Les théories de Freud étaient considérées avec méfiance par ses contemporains, parce que il revenait toujours à des explications de nature érotique selon le processus de la psyché .Il est possible que le révolutionnaire Cravan, même si digne successeur de Wilde pour son effronterie et son attitude de provocateur, se soit méfié comme les autres de ces théories freudiennes en le jugeant trop audacieuses pour l'époque. Selon une autre éventualité Cravan n'était pas encore informé de toute la recherche freudienne: les textes sur la psychanalyse apparaissent déjà à partir des dernières années du XIXeme siècle, mais la renommée mondiale liée à leur diffusion remonte aux années 20 du siècle suivant.

Cette prise de conscience concernant l'acte de « faire l'amour » comme simple besoin primaire et corporel de l'homme dévalorisera l'importance de « l'amour sentiment » qui par contre a toujours inspiré toutes les expressions artistiques,( tant que quelqu'un se demandera quoi reste de l'amour après Freud..)

En conclusion, je crois que Cravan était si mordant au point qu'il ne se laissa pas entraver par la pudeur de son époque, il a très probablement retenu que son public n'était pas encore prêt à comprendre l'amour dans ces termes; il a pourtant préféré éviter le risque d'être accusé de vulgarité.