vendredi 6 mai 2011

Jean-Luc Verna

La première impression a été celle d'un homme qui a étudié longtemps ses poses et ses gestes, qui a construit parfaitement son personnage en détail. Jean-Luc Verna était là, debout face à son auditoire, avec son corps musclé, tatoué, piercié et habillé à la mode punk rock. Avec lui son pc marqueté de pierres colorées; il changeait, sans arrêt, les chansons à écouter à partir de son ordinateur. Il semblait un peu mal à l'aise au début, même si j'ai du mal a le croire en raison de son attitude évidemment exhibitionniste. Une figure sans doute charmante, si bien qu'il est difficile de traiter de ses œuvres sans dire quelque chose de son « apparence ».

Son corps, comme il l'a dit lui-même, concerne seulement sa sphère privée et facilite seulement la question performative de l'œuvre, mais il n'est pas son propos ni le sujet principal de son travail. Je dirai quand même que c'est un point focale de tout ce qu'exprime son travail en raison même de l'importance qu'il lui accorde dans sa vie. D'abord, l'obésité, son corps qui commence à avoir une valeur quand il commence à se prostituer, l'utilisation de drogues et leurs effets sur le corps et enfin la peur de la vieillesse au point de cacher les signes du temps avec les tatouages. La question de son corps a été la thématique dominante, elle revenait toujours dans son discours, donc impossible de n'en pas tenir compte.

Artiste éclectique, il sent le besoin de s'exprimer aussi dans la danse, la musique et la récitation, toutes disciplines qui concernent une attention fondamentale à son propre corps par rapporte à l'espace et au regard de l'autre, même si il tient à préciser que son œil est le seul juge.

L'élégance des gestes et la conscience de son corps se montrent dans la séries des photos où il se met en scène en citant, avec son physique imposant, des posées célèbres empruntées à l'histoire de l'art et à l'histoire du rock 'n' roll.

La figure anthropomorphe est toujours là, aussi dans ses dessins. Avec des corps musclés à la Michel Ange ou sous forme des squelettes, ses sujets sont surtout des anges, des chimères, des faunes, des diables. Influencé évidement par l'imaginaire Rock et Punk, il utilise aussi des images de l'iconographie religieuse. Il affirme avoir repris ces sujets dans les poubelles de l'art et avec une maquillage, comme il a fait avec son propre corps, il a leur fait jouer un nouveau rôle qui peut renforcer tous les sens de leur existence.



 L'intéressante est que ses dessins sont en vérité l'image d'eux-mêmes, c'est-à-dire leur calque. Jamais satisfait de son habilité de dessinateur, cet astuce lui permet de cacher le signe, la trace de la vivacité de l'artiste, le far presto, pour passer ensuite à d'autres processus de transfert. Après le dernier passage, il y a toujours des choses à intégrer, il est alors obligé de reprendre le dessin et de le 'réinterpréter' à sa manière en ajoutant quelque chose de neuf. Comme avec un processus d'écran, il cherche à s'éloigner de l'intimité des ses dessins pour ensuite retrouver une façon de se rapprocher avec la dernière intervention.

S'il doit inscrire son travail dans une catégorie, il dirait se reconnaitre dans un art New Wave, parce qu'on peut trouver dans son 'faire noir' (ses dessins à exceptions de ceux de sa jeunesse ne sont jamais colorés, puisque il se considère comme un mauves coloriste), dans ses petites choses réactivées et tordues, beaucoup des mots de la musique New Wave.

Un artiste à sa façon, qui n'accepte pas des compromis et qui décide de faire tout seulement à sa guise, a-t-il dit. Mais à quel point est-il influencé par le marché de l'art dans la réalisation de ses travaux? Est-il vraiment sincère?

Mais, puisque nous sommes de bonne foi, en rappelant ce que dit Oscar Wilde : «L'homme est moins lui-même quand il est sincère, donne-lui un masque et il dira la vérité», nous sommes déjà tous des fans de Jean-Luc Verna.





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